La Petite Fourmi de Feu, une espèce exotique envahissante à surveiller!
En 2021, le programme Te Me Um a choisi de soutenir le micro-projet de l’association polynésienne Vai Ava.
L’objectif de ce projet était de former la population volontaire de l’île de Raiatea à la reconnaissance de la Petite Fourmi de Feu (PFF), de réaliser une mission de détection de cette espèce sur l’île afin de mettre à jour la cartographie de sa répartition et finalement, de sensibiliser la population aux risques liés à la dispersion de cette espèce exotique envahissante.
La petite fourmi de feu (PFF) fait partie des 100 espèces exotiques les plus envahissantes au monde. Présente à Tahiti depuis les années 90, elle a été découverte sur Raiatea en 2016 et cartographiée par la Direction de l’Agriculture de Polynésie française (DAG) : la zone couvrait 2,6 hectares. Depuis lors, aucune mesure n’avait été mise en place et aucun suivi réalisé.
Située de part et d’autre de la route traversière, la colonie peut aisément se disperser sur toute l’île via les activités humaines. Sa présence sur Raiatea inquiète fortement les naturalistes en Polynésie française et les agriculteurs de la vallée de Faaroa, attenante à la zone infestée. Cette vallée est en plein essor agricole, écotouristique, archéologique (ex : Marae de Taputapuatea, classé à l’UNESCO) et de protection de la biodiversité avec des actions de conservation, notamment sur deux arbres protégés et endémiques depuis 2009 avec la Direction de l’Environnement (DIREN).
L’association Vai Ava, créée en 2018 et basée dans la vallée de Faaroa, a ainsi formé une quinzaine de bénévoles éco-sentinelles et une nouvelle opération de détection de la PFF a été réalisée les 11 et 12 décembre 2021, encadrée par un guide de randonnée et un naturaliste. Suite à cette action, la cartographie de la colonie a pu être mise à jour. La colonie est actuellement estimée à 31 ha et aurait donc progressé de 40 m/an en moyenne. Toutefois, les prospections n’ont pas permis de contrôler toute la zone, face aux difficultés d’accès.
Quatre panneaux indiquant la présence de la PFF ont été ensuite posés de part et d’autre de la route traversière, aux extrémités de la colonie. Les visiteurs sont ainsi prévenus de ne pas ramener de végétaux et de ne pas laisser leurs véhicules dans la zone, afin de ne pas propager la PFF sur l’île.
Près d’une dizaine de réunions de quartier avec la population ont pu être réalisées sur les 3 communes de Raiatea. Différents messages de sensibilisation ont également été diffusés sur les réseaux sociaux, dans les paroisses et les mairies. À la suite de tous ces échanges, un réseau de surveillance bénévole de la présence de la PFF a pu se monter au sein de l’association Vai Ava.
L’association Vai Ava a rencontré certaines difficultés à mettre en place ce projet. La biologie de la Petite Fourmi Feu (reines très productives, nids présents dans les arbres, colonies reliées entre elles formant des « super-colonies »…), associée aux contraintes environnementales (pas de traitement possible aux abords des cours d’eau, difficultés d’accès, vastes surfaces envahies…), rendent complexes les missions d’éradication. Grâce à la persévérance des bénévoles de l’association, la détection de nouvelles colonies sera à l’avenir plus rapide.
La priorité se situe désormais au niveau de la colonie présente dans la zone cœur du marae de Taputapuatea, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. La sensibilisation, la prévention et la détection doivent se poursuivre sur l’île de Raiatea, pour faire prendre conscience à la population de ce problème et des conséquences économiques et écologiques qu’il peut engendrer.