Formation et sensibilisation à la conservation du Martin chasseur des Marquises (Pahi)

En 2021, le programme TeMeUm a choisi de soutenir le micro-projet de polynésienne Pahi te manu makivi o Tahuata.

Ce micro-projet avait pour objectif de former 4 référents sur 1) la biologie et l’écologie de l’espèce, 2) les méthodes de recensement des nids et des couples sur le terrain, 3) les menaces pesant sur l’oiseau et 4) les outils et les messages pour la sensibilisation des habitants et des enfants.

L’association Pahi te manu makivi o Tahuata a été créé en septembre 2020 en l'honneur de Tohetia Timau, surnommé Mr. Pahi, un grand défenseur et le seul référent du 'Pahi' ou Martin-Chasseur des Marquises, oiseau endémique qui n'existe aujourd'hui que sur l'île de Tahuata. Le Pahi est en Danger Critique d’extinction ; il est estimé à 350 individus seulement. Des menaces pèsent sur cette espèce comme l’arrivée potentielle du hibou Grand-Duc d'Amérique, introduit en 1927 sur l’île de Hiva oa, située à 4 km de Tahuata et qui est considéré comme responsable de l’extinction du Pahi sur cette île. C’est face à cette menace que l’association a souhaité organiser une formation pour développer les connaissances de plusieurs « référents Pahi » (une personne par village) sur la biologie de l’espèce et l’identification des nids et des territoires des couples d’oiseaux.

Au cours du projet, l’association a connu des difficultés majeures d’ordre administratif, mais le projet a finalement pu être mené à bien grâce au soutien de la Société d’Ornithologie de Polynésie (SOP) Manu et de la mairie de Tahuata. 4 référents provenant des 4 villages de Tahuata ont ainsi bénéficié d’une formation de deux semaines. La formation s’est déroulée en trois étapes. La première étape, théorique, a été menée en salle. Ensuite, une session formative a été réalisée sur le terrain pour permettre de rechercher et localiser les nids, suivre des couples et identifier les comportements des oiseaux. Les apprentis référents ont également appris à utiliser le GPS. Une troisième et dernière supervision a eu lieu quelques mois plus tard pour renforcer les acquis et renforcer la cohésion entre les référents.

En outre, du matériel (ex. jumelles, GPS, piles, cartes, carnets, etc.) permettant le suivi, l’acquisition de données et la sensibilisation sur le Pahi a été acheté et mis à disposition des référents. L’objectif futur sera notamment de travailler avec des données tangibles, dans cette île où la communication est plutôt orale. Les référents sont dorénavant en mesure d’identifier les individus et les nids et de mener des actions de préservation du Pahi (ex. protection des nids, de l’habitat, réduction des prédateurs, détection du Grand-Duc d’Amérique). De plus, chaque habitant des 4 villages peut s’orienter vers son référent pour des questions, des observations ou un contact éventuel avec le hibou envahissant.

Pahi te manu makivi o Tahuata tire quelques enseignements majeurs de ce projet, comme la difficulté de la gestion administrative d’une petite structure sur une île éloignée. Heureusement que des habitants de l’île motivés étaient prêts à s’investir dans la protection du Pahi ! Aujourd’hui, l’association souhaite d’autant plus développer une expertise sur le long terme et relever le défi de la sauvegarde de ses oiseaux. Ce projet a également permis de poser les bases d’un partenariat étroit avec la SOP Manu et d’une stratégie de conservation sur un plus long terme.

Ainsi, sur la base de ce micro-projet, de nouvelles actions pourront envisagées, telles que :

l’organisation de sorties afin de recenser les nids actifs ;
la protection des arbres comportant des nids actifs ;
une nouvelle session de formation pour les référents sur le protocole de dénombrement de Pahi afin de suivre l’évolution de la population ;
la sensibilisation des habitants par les référents ;
la détection du Hibou Grand-Duc d’Amérique.

Rédaction : Marurai Hana et Lea Masserey