Compagnonnage international en agroforesterie syntropique

En 2021, le programme TeMeUm a choisi de soutenir le compagnonnage de l’association guadeloupéenne Rézilyans 971.

Ce compagnonnage avait pour objectif de développer et parfaire les connaissances de Rézilyans 971 sur l’agroforesterie syntropique et ses techniques.

L’agroforesterie syntropique est une technique innovante qui a été développée au Brésil dans les années 80 par Ernst Goetsh. Basée sur l’imitation des successions naturelles des écosystèmes forestiers, la technique permet de recréer des jardins-forêts nourriciers. Il s’agit concrètement de cultiver sur un même espace et très densément une grande diversité d’espèces végétales (maraichage, arbres fruitiers, bois d’œuvre, plantes de biomasses, etc.) qui se développent en quelques semaines voire plusieurs années certaines. En stimulant la croissance du système racinaire, cette technique agricole permet de favoriser les services écologiques (par ex. stockage de carbone, augmentation de la fertilité des sols et leur capacité à capter l’eau, création de microclimats et amélioration de la biodiversité). D’une part, celle-ci permet donc de restaurer les écosystèmes. D’autre part, elle répond à deux enjeux majeurs de notre temps : nourrir la population sainement et lutter contre le dérèglement climatique.

Dans le but d’améliorer ses connaissances en agroforesterie syntropique, jusqu’alors basées sur des lectures et discussions entre pairs, la fondatrice et coordinatrice de l’association Rézilyans 971, Fiona Roche, a décidé de réaliser un compagnonnage sur cette thématique. En décembre 2022, elle a ainsi eu le privilège d’effectuer sa mission au Caribbean Permaculture Research Institute (CPRI) de la Barbade et de bénéficier des enseignements d’Erle Rahaman Norhona, co-directeur de la structure et spécialiste depuis une 20^e d’année des pratiques agricoles régénératrices du vivant. Basée à Walkers Reserve, le CPRI est responsable de la restauration écologique d’une carrière de sable en utilisant des techniques innovantes telle que la permaculture et l’agroforesterie syntropique. Un autre participant caribéens originaire de la Jamaïque a également pu se joindre et bénéficier des échanges. Au menu : des apprentissages théoriques, des exercices sur les besoins en lumière et les cycles des plantes, des actions de terrain de plantation de boutures de maraichage et d’arbres fruitiers, de la préparation de lignes de biomasse et des visites d’autres projets agroécologiques et de régénération des écosystèmes sur le territoire (entre-autres).

Néanmoins, le compagnonnage ne fut pas des plus faciles à mettre sur pied. En effet, le projet était initialement prévu à Trinidad en 2021. La pandémie COVID-19 et l’incapacité d’entrer à Trinidad et Tobago sans vaccinations ont repoussé le projet. Par ailleurs, le compagnon initial Erle Rahaman Noronha n’ayant plus la capacité d’accueillir dans sa structure, il a été convenu d’organiser le compagnonnage au CPRI, où il devait se rendre pour animer une autre formation en permaculture.

L’association tire une autre leçon de cette expérience, liée à son caractère international. Pour simplifier la gestion du budget disponible, Rézilyans 971 est finalement passé par la structure d’accueil qui lui a proposé un budget complet plutôt que de réaliser toutes les dépenses elle-même et d’appliquer des frais de change.

En fin de compte, les enseignements de ce compagnonnage furent très riches et utiles pour Fiona. Ils lui ont permis de se perfectionner sur la technique précise de la syntropie, que ce soit sur les savoirs théoriques ou pratiques. Par exemple, il lui est maintenant plus facile de choisir quelles plantes associer en fonction de leur cycle de vie et leur besoin en luminosité ou encore d’organiser les différentes espèces dans l’espace pour permettre leur croissance optimale.

Les perspectives qui font suite au compagnonnage sont multiples. L’association a tout d’abord candidaté à un concours d’innovations en agriculture (AGREEN Startup) pour un projet basé sur les techniques apprises. Mais la candidature n'a malheureusement pas été retenue. Par ailleurs, le compagnonnage permet à Fiona de poursuivre l’implémentation de la technique sur l’écolieu de l’association et de diffuser les bonnes pratiques à d’autres pairs. Au mois d'avril 2023, elle a notamment déjà eu l’occasion d’intervenir au festival en ligne du Jardin Forêt avec un autre agriculteur bio de Guadeloupe, pour faire un retour d'expérience sur la mise en place de la syntropie sur l’archipel et sa mission de compagnonnage. Plusieurs centaines de participants français ont pu être sensibilisés.

Rédaction : Fiona Roche et Lea Masserey