Une ETUDE SOCIOLOGIQUE SUR LA place de la tortue marine dans la societe mahoraise
En 2022, le programme TeMeUm a choisi de soutenir le micro-projet de l’association Oulanga Na Nyamba (ONN).
Ce micro-projet avait pour objectif de mener une étude sociologique permettant de mieux comprendre la place de la tortue marine dans la société mahoraise.
Mayotte est un carrefour incontournable pour plusieurs espèces de tortues marines qui viennent dans son lagon pour s’alimenter et/ou se reproduire. Malheureusement leurs populations sont menacées en particulier à cause du braconnage qui sévit sur l’île. En effet, des carcasses de tortues marines sont régulièrement retrouvées sur les plages malgré les initiatives des acteurs de l’environnement locaux qui œuvrent pour la sensibilisation de la population et la surveillance des plages de ponte.
Oulanga na Nyamba est une association experte dans l’étude et la conservation des tortues marines de Mayotte. Afin d’appréhender au mieux le contexte mahorais et d’optimiser les mesures de conservation en faveur des tortues marines, elle a identifié la nécessité de mener une étude sociologique sur les représentations de la tortue marine au sein de la population.
Dans cette optique, le micro-projet ciblait trois objectifs :
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Mieux cerner le lien qui existe entre la population locale et son environnement de proximité (notamment la biodiversité marine).
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Analyser la perception de la population concernant les approches de gestion et de conservation de l’environnement (notamment des tortues marines).
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Evaluer le regard culturel et les valeurs attribuées à la tortue marine selon la population.
Pour cela, l’association a défini et construit un outil d’étude sociologique : un guide d’entretien semi-directif. Elle l’a ensuite soumis à une trentaine d’adultes habitant dans le quartier de la Vigie et fréquentant la plage de Moya.
Les réponses à cet entretien ont révélé que l’intérêt porté pour la tortue marine est plutôt d’ordre alimentaire. La consommation de viande de tortue pouvant provoquer une maladie de peau, cela est plutôt mal vu et reste donc marginal. Cependant la tolérance vis-à-vis de ce comportement existera toujours. Il n’y a pas de culture traditionnelle liée à cette pratique alimentaire, il s’agit plutôt d’une accoutumance installée dans la population.
D’après les personnes interrogées, la perte de la tortue marine causerait cependant un tort à Mayotte en particulier parce qu’elle est un atout pour le tourisme. Il y a donc une prise de conscience notamment grâce aux nouvelles générations qui sont sensibilisées à cette question en partie grâce au travail des associations en milieu scolaire. En outre, les adultes interviewés reconnaissent qu’ils aimeraient que leurs descendants puissent connaître la tortue marine à leur tour.
Ainsi, l’enquête a permis de comprendre qu’il existe une tolérance vis-à-vis du braconnage à Mayotte en raison des habitudes alimentaires. Cependant, la population semble avoir conscience de l’importance de conserver les espèces de tortues marines et les jeunes générations seraient les porte-drapeaux de cette cause.
Grâce à ce projet, Oulanga na Nyamba a pu monter en compétences dans le domaine de l’étude socio-environnementale et la prise en compte du contexte mahorais.
Elle a ainsi pu définir ses prochains objectifs. Elle souhaite notamment développer une approche plus large pour la conservation des tortues marines, qui prendrait en compte le contexte sociologique du lieu d’intervention.
Rédaction : Maylis Peyré
Le projet en bref
Mayotte
14 000 €
8 000 €